dimanche 7 décembre 2014

Les mines du Tonkin

 

 

Sur les explorations de Fuchs en 1882 :


http://www.annales.org/archives/x/fuchs7.html

Trois mois après, le 18 octobre, M. Le Myre de Vilers, gouverneur de la Cochinchine, ayant demandé au gouvernement d'organiser une exploration minière de la colonie, ainsi que du Cambodge et du Tonkin, Fuchs est officiellement désigné pour cette mission, qui va enfin lui procurer l'occasion longtemps souhaitée d'aborder les pays de l'Extrême-Orient. Le 29 octobre, emmenant comme secrétaire un ancien élève de l'École polytechnique et de l'Ecole des mines, M. Saladin. il s'embarque sur le paquebot l'Amazone. Là, il trompera les longues heures de la traversée par une correspondance active, où il aime à faire partager aux siens toutes ses impressions nouvelles, complétant ses descriptions par des dessins où se révèle un crayon alerte et spirituel. D'autres fois, les circonstances qu'il rencontre ou les sites devant lesquels il passe lui inspireront des poésies pleines de charme et de sentiment. Ce côté particulier de ses heureuses facultés mérite d'être mis en lumière et il est vraiment à souhaiter que, quelque jour, une publication spéciale fasse connaître à d'autres qu'aux intimes les gracieux épanchements où se complaisait sa riche imagination.
Nombreuses furent les péripéties de ce voyage, pendant dant lequel Fuchs fut, tour à tour, reçu avec des honneurs presque princiers, ou bien, comme aux environs d'Hanoï, accueilli par la fusillade des pirates chinois.
Apres avoir touché à Saigon, on s'embarqua sur l'Antilope , navire de l'État, mis spécialement à la disposition des explorateurs, qui étudièrent d'abord la côte annamite. A Hué, ils furent présentés au premier ministre de l'invisible empereur Tu-Duc, dans une audience émouvante où le consul français, qui accompagnait Fuchs, donna solennellement lecture des instructions de son gouvernement, les premières où l'intention d'assurer désormais la sécurité sur le Fleuve-Rouge ait été nettement proclamée; prélude d'une politique active qui devait entraîner de si graves conséquences.
Ensuite il fallut franchir, non sans difficultés ni même sans dangers, la barre du fleuve, pour pénétrer, à l'époque de Noël, dans le delta du Tonkin. Le principal résultat du voyage fut la reconnaissance précise des gisements houillers de la côte, dont la description, oeuvre commune de Fuchs et de M. Saladin, a été publiée en 1882 dans les Annales des mines. A ce mémoire fut jointe une étude paléontologique de M. Zeiller, montrant, d'après les empreintes végétales recueillies, que les gîtes appartenaient à l'infralias. Pourtant la nature des schistes encaissants, ainsi que l'aspect des grès rouges subordonnés , avaient produit sur des observateurs européens exactement la même impression que nos gisements français du carbonifère supérieur et du permien.
Le mois de janvier 1882 fut consacré à l'exploration du Tonkin proprement dit, où Fuchs ne vit guère, en fait de métaux, que des traces d'or dans les ravins. Cette portion du voyage fut particulièrement pénible. Trop lourd et de trop forte corpulence pour s'accommoder du régime des sampangs, ces petits bateaux étroits et voûtés, où les indigènes se blottissent sans peine , Fuchs dut marcher dans l'eau malsaine des rizières, où sa jambe écorchée contracta bientôt une grave irritation. Quand il revint à Saigon, les instances du gouverneur ne purent le détourner d'achever sa mission par l'exploration des gites de fer du Cambodge. S'il eut la satisfaction d'être reçu par le roi Norodom et d'assister aux danses sacrées dont la fête du souverain était l'occasion (ces danses firent de sa part, en 1886, l'objet d'une communication à la Société philotechnique. Il avait été si frappé de cette solennité, reproduisant, en plein dix-neuvième siècle, dans leur pureté primitive, les rites de la race Kmer, qu'il voulut initier ses compatriotes à la jouissance que lui avait fait éprouver cette évocation d'un passé quinze fois séculaire. Il ne s'est pas contenté d'ailleurs de traduire ses impressions en prose et une pièce de vers sur le Râmâyana termine cette communication), en revanche, son mal ne fit que s'aggraver. Cependant, au lieu de goûter, à son retour chez le gouverneur de la Cochinchine, un repos bien nécessaire, il reprit en avril le chemin de la France, résolu à recommencer son cours à l'Ecole des mines juste à la date où il s'était engagé à le faire. Il y réussit en effet, mais au prix de grandes souffrances qui le mirent longtemps dans l'impossibilité de marcher; car il ne fallut pas moins de trois mois de soins assidus pour cicatriser les trous de sa jambe.
Malgré ce douloureux épisode, qui infligeait à une santé autrefois si robuste une atteinte dont elle ne devait pas se relever, Fuchs demeura toujours très attaché à cette colonie de l'Indochine, dont il avait apprécié les ressources. Plus d'une fois il souhaita d'y pouvoir retourner. Du moins on le choisit, le 6 septembre 1884, pour faire partie d'une commission chargée de définir le régime qu'il conviendrait d'appliquer aux exploitations minières de l'Annam et du Tonkin. Puis le gouvernement ayant fondé à Paris une école coloniale, où plusieurs jeunes gens de l'Indochine, notamment du Cambodge, venaient s'initier à la civilisation européenne, Fuchs fut nommé membre du comité des études, et chaque mois il y allait faire passer des examens. Plus tard il eut à présider la commission technique instituée pour élaborer le plan du réseau des voies ferrées tonkinoises. Enfin , comme consécration de la part qu'il avait prise au développement de l'influence française en Tunisie et dans l'Indochine, il reçut le titre et exerça jusqu'à sa mort les fonctions d'ingénieur-conseil des pays de protectorat.
La fin de l'année 1882 le retrouve déployant une activité qu'il eût été assurément plus sage de laisser sommeiller encore. C'est ainsi qu'on le vit se joindre à une visite d'ingénieurs aux travaux préparatoires du tunnel sous-marin entre la France et l'Angleterre, puis prendre part au Congrès de l'association française à La Rochelle, où il exposa d'intéressantes observations, tant sur le régime du Mékong que sur la station préhistorique de Soin-Ron-Sen au Cambodge.

Biographie d'Edmond Fuchs :
http://www.annales.org/archives/x/fuchs.html

Fuchs et Saladin  — Mémoire sur l’exploration des gites de combustibles et de quelques-uns des gites métallifères de l’Indochine, Dunod,‎ 1882



Contribution à l étude de la minéralogie de l'Indochine. Minerais et minéraux du Tonkin. Par J.Dupouy. 1909.

http://iris.univ-lille1.fr/bitstream/handle/1908/3020/83603.pdf?sequence=1

"Au Tonkin , comme l'ont démontré les importants travaux de M. Zeiller sur les plantes fossiles , recueillies en grande quantité , les gîtes de ce combustible , connus ou exploités , à l'heure actuelle , appartiennent à l'étage rhétien , fortement développé dans la région s'étendant dans une direction Nord-Est , Sud-Ouest , entre le Song-Luc-Nam , le Song-Da-Bach , et les baies d'Along et de Faï-Tsi-Long , et signalé en outre au Sud de Cho-Bo . Toute cette contrée se trouve recouverte de mamelons et de collines , formés de grès siliceux et de poudingues , surmontant des bancs de schistes, au milieu desquels se trouvent intercalées des couches de charbon d'une épaisseur variant de 1 à 5 mètres . Cette houille , comme le montreront les analyses qui suivent, est un charbon maigre se rapprochant beaucoup de l'anthracite . Son pouvoir calorifique (jusqu' à 8.00 0 calories ) est assez élevé (...) Le bassin le plus important est celui de Hong-Hay (Province de Quang-Yen ) composé de trois concessions : Nagotna, Hatou, Campha. 11 est bordé par la mer sur une longueur d'une dizaine de kilomètres et limité, au Nord, à 4 kilomètres du rivage, par des collines s'appuyant sur un pli de calcaire parallèle au littoral. Le gîte principal est celui de Hatou. Il est relié par une voie ferrée d'une douzaine de kilomètres à la ville de Hongay, située au fond d'une baie large et bien abritée, formant un bon mouillage, de sorte que les navires peuvent venir prendre leur chargement à quai. En ajoutant que l'exploitation se fait à ciel ouvert, l'on voit immédiatement l'importance économique d'un tel gisement. L'épaisseur exploitable, d'une cinquantaine de mètres de puissance, est divisée en plusieurs couches séparées les unes des autres par des schistes extrêmement fossilifères.

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